Le football Zambien s’est développé dès l’époque coloniale, sous le nom de Rhodésie du Nord. Après l’indépendance en 1964, le pays fonde officiellement son équipe nationale et adhère à la FIFA ainsi qu’à la Confédération Africaine de Football (CAF). Très tôt, le football devient une passion nationale. Mais ce n’est qu’en 1970 que la Zambie s’inscrit pour la course vers la plus grande compétition continentale de football avec sa participation aux éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations Cameroun 1972. Malgré une élimination au tour préliminaire, cette première expérience marque le début d’une longue histoire entre les Chipolopolo (surnom qui signifie « les balles de cuivre », en référence aux mines de cuivre du pays) et la plus prestigieuse compétition africaine.

L’épopée de 1974 : une finale inespérée
Après une deuxième élimination au tour préliminaire en 1972, la Zambie étonne l’Afrique en 1974 en Egypte lors de sa première participation à la phase finale d’une CAN. Emmenée par des joueurs comme Bernard Chanda, elle réalise un parcours héroïque et se hisse en finale face au Zaïre (aujourd’hui RDC). Après un premier match nul (2–2), un replay est organisé, pratique courante à l’époque. Malheureusement, les Zambiens s’inclinent 2–0. Bien que battue, la Zambie entre dans l’histoire de la CAN : atteindre la finale pour sa première apparition est un exploit très rare.
1980–1990 : de belles prestations continentales
Les décennies suivantes voient la Zambie s’installer comme une nation solide de la CAN. En 1982 en Libye, elle décroche la troisième place de la compétition. En 1986 en Égypte, elle se qualifie encore pour les quarts. En 1990 en Algérie, elle obtient à nouveau la médaille de bronze. Ces belles performances ont été impulsées par la génération de Kalusha Bwalya, Charles Musonda et Johnson Bwalya qui ont donné au football zambien un rayonnement continental. Kalusha, véritable star du PSV Eindhoven, est même élu Joueur africain de l’année en 1988. En 1992 au Sénégal, les Chipolopolo atteignent les quarts de finale, confirmant leur statut de grande équipe africaine. Tout semble annoncer un avenir radieux pour cette sélection qui fait trembler les meilleures nations.
Le drame de 1993 : l’équipe décimée

Mais l’histoire du football zambien bascule dans la tragédie. Le 27 avril 1993, l’avion militaire (REG: AF-319) transportant la sélection nationale vers le Sénégal pour un match de qualification pour la Coupe du monde de football 1994 s’écrase au large du Gabon. Les 30 passagers, dont 18 joueurs, périssent dans la catastrophe. La Zambie perd presque toute son équipe nationale en un instant. Seul Kalusha Bwalya échappe au drame car il voyageait séparément, depuis l’Europe. Ce drame devient une plaie profonde dans la mémoire collective zambienne. Pourtant, au lieu d’éteindre la flamme, il va nourrir une volonté de renaissance.
CAN 1994 : la renaissance héroïque
Un an après la tragédie, la Zambie reconstruit une nouvelle sélection quasiment de zéro. Contre toute attente, les Chipolopolo se hissent jusqu’en finale de la CAN 1994 en Tunisie. Face au Nigeria de Rashidi Yekini et Jay-Jay Okocha, la Zambie mène rapidement au score grâce à Elijah Litana, mais finit par s’incliner 2–1. Cette belle performance, seulement douze mois après avoir perdu toute une génération de joueurs, est saluée comme un exemple de résilience et d’unité nationale.
Années 2000 : une période d’irrégularité
Malgré cette renaissance, les années suivantes sont marquées par des résultats irréguliers. La Zambie se qualifie souvent mais peine à franchir les phases de groupes. La génération post-Kalusha Bwalya ne parvient pas à reproduire les exploits des années 1990. De 2000 à 2010, les zambiens ont été éliminés 4 fois au premier tour (2000, 2002, 2006, 2008), 1 fois au tour préliminaire (2004) et 1 fois en quart de finale (2010). Cependant, la passion populaire ne faiblit pas, et la Zambie reste un adversaire redouté en qualifications.
2012 : l‘hommage aux disparus
L’histoire atteint son apogée lors de la CAN 2012, coorganisée par le Gabon et la Guinée équatoriale. Le hasard ou le destin fait que la finale se joue à Libreville, au Gabon, non loin du lieu du crash de 1993. Sous la direction de Hervé Renard, la Zambie livre une campagne héroïque :
- Victoire contre le Sénégal (2–1), nul face à la Libye (2–2), victoire sur la Guinée équatoriale (1–0).
- En quarts, elle bat le Soudan (3–0).
- En demi-finale, elle élimine le Ghana (1–0).
- En finale, elle affronte la puissante Côte d’Ivoire de Didier Drogba et Yaya Touré.
Le match se termine 0–0 après prolongations. Aux tirs au but, la Zambie l’emporte 8–7, grâce à une dernière réalisation de Stoppila Sunzu. Ce sacre est immédiatement dédié aux victimes du crash de 1993. Pour la première fois de son histoire, la Zambie devient championne d’Afrique. Ce triomphe, 19 ans après le drame, est considéré comme l’un des moments les plus émouvants de l’histoire du football africain.
Année après 2012 : un retour difficile à la réalité
Le titre de 2012 ouvre de grandes espérances, mais la suite est plus compliquée. En 2013 et en 2015, la Zambie est éliminée dès la phase de groupes. Eliminée chaque lors des qualificatifs, elle manque successivement les trois éditions suivantes (2017, 2019, 2021), preuve d’un manque de régularité. En 2023, elle fait son retour à la CAN mais échoue encore au premier tour. La Zambie peine à retrouver le niveau de 2012 malgré des joueurs talentueux comme Patson Daka (Leicester City) ou Fashion Sakala. Aussi des problèmes de gouvernance au sein de la Fédération compliquent la reconstruction.
Bilan global et héritage
À ce jour, la Zambie a participé à 18 éditions de la CAN avec au total :
- 1 titre (2012).
- 3 finales jouées (1974, 1994, 2012).
- 2 troisièmes places (1982, 1990).
- 2 quarts de finale joués (1992 et 2010)
- 10 éliminations en phase de groupe (1978, 1986, 1998, 2000, 2002, 2006, 2008, 2013, 2015, 2023)
Au-delà des chiffres, l’histoire de la Zambie en CAN est celle d’un pays qui a connu le pire drame sportif imaginable mais qui a trouvé, dans le football, une source de résilience et d’unité nationale. La victoire de 2012 reste l’un des moments les plus symboliques du sport africain, preuve que la détermination, la mémoire et la foi collective peuvent transcender la douleur. Aujourd’hui encore, chaque participation des Chipolopolo à la CAN est vécue comme un rendez-vous avec l’histoire.


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