Focus CAN Maroc 2025 | l’Afrique du Sud et la CAN : une histoire entre renaissance et quête de continuité

L’histoire de l’Afrique du Sud à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ne peut se comprendre sans rappeler le contexte politique et social du pays. Longtemps isolée en raison de l’apartheid, l’équipe nationale, connue sous le nom des Bafana Bafana, n’a découvert la plus grande compétition continentale qu’au milieu des années 1990. Pourtant, malgré ce retard, les Sud-Africains se sont rapidement hissés parmi les grandes nations africaines, avant de connaître des années d’irrégularité. Leur parcours en CAN reste donc une alternance de moments glorieux, de passages à vide et de tentatives de renaissance.

Les années d’exclusion : une absence forcée

Co-fondateur de la CAF avec l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie, l’Afrique du Sud aurait dû être présente dès la première édition de la CAN en 1957. Mais à cette époque, le pays pratiquait déjà une politique de ségrégation raciale, ce qui poussait la Confédération Africaine de Football (CAF) à refuser sa participation. Très vite, la situation s’envenime : l’Afrique du Sud est exclue de la CAF en 1958 lors de la deuxième session de la CAF, puis de la FIFA en 1961. Pendant plus de trente ans (1958 à 1990), le pays reste coupé du football international. Ce n’est qu’au début des années 1990, après la fin de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela, que le football sud-africain retrouve la scène mondiale. En 1992, la FIFA lève l’interdiction, et les Bafana Bafana rejoignent officiellement les qualifications pour la CAN et la Coupe du Monde.

CAN 1996 : première participation, premier sacre historique à domicile

Pour leur première participation, l’Afrique du Sud accueille la CAN 1996. Portés par un contexte d’euphorie nationale après l’abolition de l’apartheid, les Bafana Bafana se transforment en symbole d’unité et de renaissance. Sous la direction de l’entraîneur Clive Barker, l’équipe se compose de joueurs talentueux comme Lucas Radebe, Mark Fish, John “Shoes” Moshoeu, Neil Tovey ou encore Phil Masinga. Dès le premier tour, l’Afrique du Sud montre ses ambitions. Elle se qualifie pour les quarts de finale, élimine l’Algérie (2-1), puis surclasse le Ghana (3-0) en demi-finale. En finale, au stade Soccer City de Johannesburg, les Bafana affrontent la Tunisie. Dans une ambiance électrique avec la présence de leur président Nelson Mandela et devant 80 000 personnes majoritairement acquis à leur cause, les Bafana Bafana s’imposent 2-0 grâce à des buts de Mark Williams. L’Afrique du Sud décroche alors son premier titre continental, un exploit retentissant pour une nation qui n’avait pas participé aux 29 éditions précédentes.

1998 et 2000 : confirmation et constance

Après ce sacre, l’Afrique du Sud ne tarde pas à confirmer son statut de grande équipe africaine. À la CAN 1998 au Burkina Faso, elle atteint la finale. Malgré un beau parcours, les Bafana s’inclinent 2-0 face à l’Égypte. En 2000 au Nigeria et au Ghana, l’équipe atteint de nouveau le dernier carré, terminant cette fois à la 3e place après une défaite en demi-finale contre le Nigeria (2-0).

En l’espace de trois éditions (1996-2000), l’Afrique du Sud affiche un bilan impressionnant de : un titre, une finale et une demi-finale. Les Bafana deviennent ainsi l’une des sélections les plus respectées du continent.

Déclin progressif dans les années 2000

À partir de 2002, les résultats deviennent moins éclatants. L’Afrique du Sud participe à la CAN au Mali mais se fait éliminer en quarts par le Mali (2-0). En 2004 en Tunisie, le parcours est encore plus décevant. Malgré des stars comme Benni McCarthy ou Shaun Bartlett, l’Afrique du sud se voit éliminée au premier tour. Le problème principal était structurel avec la présence de joueurs talentueux, mais en manque de stabilité dans le staff technique et de régularité dans les performances. Les CAN 2006 en Égypte et 2008 au Ghana marquent deux éliminations successives de l’Afrique de Sud au premier tour; un contraste frappant avec les performances glorieuses de la fin des années 1990.

2010 : l’Afrique du Sud, hôte du monde sans succès à la CAN

L’Afrique du Sud accueille la Coupe du Monde 2010, mais cela ne change pas son destin en CAN. L’équipe ne parvient pas à décrocher son ticket pour le grand rassemblement africain qui a eu lieu en Angola en 2010. Les Bafana Bafana ont été éliminés au Tour Préliminaire. De même, entre 2008 et 2012, les sud-africains n’ont pas pu franchir les phases de poules. L’équipe a perdu sa superbe forme des année 90, et les générations dorées des Radebe, Fish ou Moshoeu ne trouvent pas de successeurs au même niveau.

CAN 2013 : un retour mitigé à domicile

En 2013, l’Afrique du Sud accueille de nouveau la CAN (après le désistement de la Libye). Soutenue par ses supporters, l’équipe réussit un premier tour prometteur. Mais elle s’incline en quarts de finale face au Mali aux tirs au but. Ce parcours laisse un goût d’inachevé, car beaucoup espéraient une répétition du scénario de 1996.

Des participations irrégulières dans les années récentes

Depuis la CAN 2013, l’Afrique du Sud peine à s’imposer. Elle manque la qualification pour certaines éditions (2017, 2021) et, lorsqu’elle participe, ne dépasse pas souvent les quarts de finale. Cependant, il faut retenir le parcours en 2019 en Égypte, où les Bafana réalisent une surprise en éliminant l’hôte égyptien en huitièmes de finale grâce à un but de Thembinkosi Lorch. L’aventure s’arrête en quarts contre le Nigeria (2-1), mais cette performance redonne un souffle au football sud-africain.

CAN 2023 : un signe d’espoir

Lors de la CAN 2023 organisée en Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud retrouve des couleurs. Menés par leur sélectionneur Hugo Broos, champion d’Afrique avec le Cameroun en 2017, les Bafana réalisent un parcours solide. Après avoir franchi les phases de groupes, ils éliminent le Maroc en huitièmes, avant de tomber en demi-finale face au Nigeria aux tirs au but. En battant la RD Congo lors du match pour la 3e place, l’Afrique du Sud signe son meilleur résultat depuis 2000. Ce retour sur le podium africain est perçu comme une renaissance pour le football sud-africain.

Une identité encore en construction

Avec 11 participations, 1 sacre, 1 fois sacrée deuxième, 2 fois demi-finalistes, 3 fois quarts de finalistes et 4 fois éliminée au premier tour, l’Afrique du Sud reste une nation paradoxale à la CAN. Capable de battre les plus grandes équipes, elle souffre aussi d’inconstance et de problèmes de renouvellement. Le championnat local (la Premier Soccer League) est l’un des plus professionnels du continent, mais l’exportation de talents vers l’Europe reste limitée comparée à des pays comme le Nigeria, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui, portés par une nouvelle génération : Percy Tau, Themba Zwane, Evidence Makgopa, épaulés par des gardiens solides comme Ronwen Williams, les Bafana Bafana ont un objectif est clair : transformer le regain de 2023 en une constance qui pourrait les ramener au sommet continental.

Mali vs Afrique du Sud CAN 2023/ Crédit : CANAL+

L’Afrique du Sud a connu une histoire singulière à la Coupe d’Afrique des Nations : absente pendant près de 40 ans, elle a marqué son retour par un sacre historique en 1996, avant de confirmer son statut dans les années suivantes. Mais l’incapacité à maintenir ce niveau a plongé l’équipe dans une longue période de résultats mitigés. Le récent retour sur le podium en 2023 et leur qualification pour l’édition 2025 prévue au Maroc démontre toutefois que les Bafana Bafana ont toujours leur mot à dire dans le football africain. Reste à savoir si cette génération saura donner à l’Afrique du Sud la stabilité et la régularité qui lui manquent pour redevenir une véritable puissance continentale.

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